Regarde bien tout ce qu’il y a autour de nous: de l’eau en colère, de la terre qui s’en moque, des montagnes dominantes, des arbres, de la lumière qui joue à chaque minute de la journée à changer d’intensité et de couleur, des oiseaux qui voltigent au-dessus de nos têtes, des poissons qui essaient de ne pas être la proie des mouettes tout en chassant d’autres poissons. Il y a toute cette harmonie de bruits, celui des vagues, celui du vent, celui du sable ; et puis au milieu de ce concert incroyable de vies et de matières il y a toi, moi et tous les êtres humains qui nous entourent. Combien d’entre eux verront tout ce que je viens de te décrire ? Combien réalisent chaque matin le privilège de se réveiller et de voir, de sentir, de toucher, d’entendre, de ressentir ? Combien d’entre nous sont-ils capables d’oublier un instant leurs tracas pour s’émerveiller de ce spectacle inouï ? Il faut croire que la plus grande inconscience de l’homme, c’est celle de sa propre vie. Toi tu prends conscience de tout cela, parce que tu es en danger, et cela fait de toi un être unique, par ce dont tu as besoin pour vivre : les autres, parce que tu n’as plus le choix. Alors pour répondre à la question que tu ne cesses de me poser depuis tant de jours, si je ne prends pas de risques, toute cette beauté, toute cette énergie, toute cette matière en vie te deviendrait définitivement inaccessible. C’est pour cela que je fais cela, réussir à te ramener au monde donne un sens à ma vie. Combien de fois ma vie m’offrira-t-elle de faire une chose essentielle ?
[Marc Levy, Et si c’était vrai …]
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