O Binômio de Newton é tão belo como a Vênus de Milo.
O que há é pouca gente para dar por isso.
óóóó — óóóóóóóóó — óóóóóóóóóóóóóóó
(O vento lá fora.)
Sans doute faut-il d’abord comprendre à quel point les deux impératifs du cadrage platonicien sont liés entre eux, parce que liés l’un et l’autre à la définition platonicienne de la philosophie.
La philosophie est avant tout ce qui interrompt le régime autoritaire du Vrai sans céder aux facilités du relativisme ou du scepticisme. Il y a régime autoritaire quand la vérité d’un énoncé dépend, non de l’argument qui le soutient, mais de la position de celui qui le prononce, qu’il soit Dieu, roi, prêtre, professeur ou prophète. Il y a facilité relativiste ou sceptique quand la critique du régime autoritaire du vrai conduit à la suppression de l’absoluité et de l’universalité des vérités. En son sens platonicien, la philosophie expose ce qu’elle dit au jugement public, suppose des règles logiques partagées, dialogue avec le premier venu. Elle destitue ainsi l’autorité de celui qui l’énonce, au profit de la valeur intrinsèque de ce qui est énoncé. Mais symétriquement, elle maintient non seulement l’absoluité du vrai, mais aussi que la pensée humaine, loin d’être limitée, finie, relative, vouée au doute, est tout entière dépendante de cet absolu, qu’elle peut et doit rencontrer.
Or la poésie, si généreuse qu’en soit la beauté est indubitablement une forme autoritaire de la déclaration. Elle ne s’autorise que d’elle-même, répugne à l’argument, énonce ce qui est dans la forme sensible de ce qui s’impose sans avoir à partager cette imposition. Elle se tient au seuil de l’Absolu, mais s’en croit trop souvent la gardienne autoproclamée. Inversement, la mathématique contraint la pensée par des règles explicites et non par le génie singulier d’une langue, offre à tous le partage de la démonstration, ne renonce jamais à la clarté finale, si compliquée soit la construction, informe le Vrai sans céder à aucune espèce de doute ou de tremblement existentiel devant ce dont elle dévoile la cruelle nécessité.
Aussi bien faut-il affirmer que, contrairement à ce qui se dit généralement, c’est la mathématique qui est démocratique et la poésie aristocratique ou royale.
Par quoi on peut comprendre qu’il faille aujourd’hui être platonicien. Car la démocratie d’opinion, qu’on nous vante, est exclusion du vrai et royauté de cette figure parfaitement vide qu’est l’individu, lequel se croit d’autant plus le libre poète de son existence qu’il ne fait que prendre sa place dans les imitations marchandes, le fantôme de cette liberté dont on nous accable, la liberté de dépendre des objets insignifiants et des désirs minuscules. Cependant que la démocratie véritable est, comme l’a vu Platon, égalité devant l’Idée et répudiation des ‘communications’ imitatives. Et singulièrement, aujourd’hui comme en son temps, où la cité s’abîmait dans la futilité : égalité devant l’Idée politique, qu’il faut réinventer contre sa dissolution dans le jeu des intérêts.
On ne reviendra démocratiquement au poème que si on le subordonne, dans la guise de l’Idée pure, à la puissance d’éclaircie aride du mathème. Tel fut du reste le projet de Mallarmé, et de ce qui, dans la poésie contemporaine, a vraiment compté. Poésie, dira-t-on, platonicienne, comme celle qui déclare, avec Fernando Pessoa, que ‘le binôme de Newton est aussi beau que la Vénus de Milo’.
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